La littérature française du vingtième siècle entre la mémoire et l’oubli: Proust, Beckett, Perec, et Blanchot; Twentieth Century French Literature between memory and forgetting: Proust, Beckett, Perec, and Blanchot
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In the course of the twentieth century, the representation of the relationship between time, narrative, and memory in French literature undergoes a change. Proust's A la recherche du temps perdu evidences the power of memory to synthesize separate moments through a work of art and embodies the thesis of Paul Ricoeur on the interdependency of time and narrative. This proustian synthesis becomes almost impossible for Samuel Beckett, George Perec, and Maurice Blanchot, who encounter the disappearance of memory preserved in the narrative space. Not only in the face of the spatialization of memory in the increasing development of mass media, which Walter Benjamin criticizes, but also in the face of the deterioration of space, the translation of a temporalized memory into a coherent story cannot continue.
From Proust's immense edifice of memory, to Beckett's invention, to Perec's spatial preservation of vanished time, to Blanchot's désoeuvrement, the works of these authors traverse the wide span between memory and forgetting in literature. This paper integrates these authors who diverge in the direction of memory, on the one hand, and in the direction of forgetting, on the other. This integration forms passageways that make possible the exchange between these two ends. Communication continues in the gap where memory and forgetting are reflections of each other.
Au cours du vingtième siècle, la représentation du rapport entre le temps, le récit, et la mémoire dans la littérature française subit un changement. A la recherche du temps perdu de Proust atteste d’une mémoire puissante qui synthétise des moments séparés dans une oeuvre d’art, et matérialise la thèse de Paul Ricoeur au sujet de l’interdépendance du temps et du récit. Cette synthèse proustienne devient presque impossible chez Samuel Beckett, Georges Perec, et Maurice Blanchot, qui affrontent la disparition de la mémoire préservée dans l’espace narrative. La traduction de la mémoire temporalisée dans une histoire cohérente ne peut pas continuer non seulement face à la spatialisation de la mémoire dans l’accroissement des développements des médias de masse que Walter Benjamin critique, mais aussi face à la détérioration de l’espace.
De l’immense édifice de la mémoire chez Proust, à l’invention de Beckett, à la préservation spatiale du temps disparu chez Perec, et au désoeuvrement de Blanchot, les oeuvres de ces auteurs franchissent la vaste étendue entre la mémoire et l’oubli dans la littérature. La présente analyse intègre des auteurs qui se divergent au côté de la mémoire et au côté de l’oubli. Cette intégration établit des passages qui rendent possible l’échange entre ces deux côtés. La communication continue dans l’écart où la mémoire et l’oubli se reflètent.